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Raymond Défossé

Manuel Valls: le sabre et le goupillon

Le 16 October 2012

Il y avait déjà du Jules Moch dans Manuel Valls. Jules Moch, pour mémoire, en 1948,  c’est ce ministre de l’Intérieur socialiste (SFIO) de la IVème République qui fit donner les CRS dans le Nord contre les mineurs des Charbonnages en grève pour la revalorisation des salaires face à un inflation galopante..Il y a quelques jours, les futurs ex-salariés de l’industrie automobile (Good Year, Dunlop…) ont eu droit à un comité d’accueil musclé (les Compagnies Républicaines de Sécurité ! ) lors de leur manifestation au Salon de l’Automobile à Paris. Depuis cet été, des familles roms sont délogées de leurs misérables campements par la force «républicaine», dispersées sans ressources, femmes et enfants sur les routes. Tout cela bien mené à grands coups de roulements de tambours médiatiques…

Aujourd’hui, Manuels Valls emprunte les pas de Nicolas Sarkozy, apôtre de la «Laïcité positive». Le 21 octobre prochain, le ministre de l’Intérieur se rendra «es qualité» au Vatican pour assister à la canonisation de Jacques Berthieu, missionnaire jésuite qui, au XIXème siècle, fut chargé de «christianiser» la population de Madagascar, alors en lutte contre le pouvoir colonial…français. On bien loin de l’engagement de François Hollande, candidat à la présidentielle, qui entendait inscrire la loi de 1905 dans la Constitution. Faut-il rappeler que «la France n’est pas la fille aînée de l’Eglise» mais «une République Laïque…» … comme l’avait déclaré le Parti Socialiste en 2011 à l’occasion du déplacement de François Fillon au Vatican pour la béatification du pape Jean Paul II ?

Rendons justice à Manuel Valls. Il ne fait aujourd’hui qu’agir selon ses convictions, lui qui, déjà en 2004, plaidait pour «un toilettage de la Loi de 1905» sous prétexte que pour contrer toute intervention étrangère, il fallait envisager un financement publique des lieux de cultes ! Sans complexe, il peut dire, sans que cela fasse frémir chez les socialistes : «la Laïcité, ce n’est pas  le refus des religions, du sacré …» ou encore «La religion catholique est ancrée dans notre histoire, dans nos paysages…» Presque du Sarkozy dans le texte! Mais il faut dire qu’ils sont nombreux, les élus socialistes, qui, allant au-delà des accords Lang-Cloupet de 1992 (contestés par la «Gauche» du PS…) sur l’enseignement privé confessionnel, finance allègrement celui-ci parfois même au détriment de l’école laïque, l’école de la République.

En conclusion, il n’est pas inutile de rappeler que le principe de laïcité, c’est d’abord l’opposition à toutes les aliénations, à toute influence dogmatique. La liberté absolue de conscience, c’est le droit pour chacun de croire ou de ne pas croire à une vérité révélée. C’est donc une affaire privée. La République doit garantir ce droit et appliquer sans faille une loi qui a maintenant plus d’un siècle malgré de nombreuses tentatives de remises en cause ou de modification à droite comme à gauche.


Le mot de la rédaction

Raymond Défossé est membre du Parti de Gauche (PG80) et de la Libre Pensée.

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