Ce matin, le préfet de région, Jean-François Cordet a signé un arrêté autorisant la SCEA Côte de la justice de l'entrepreneur BTP Michel Ramery à exploiter un élevage de 500 vaches laitières et son méthaniseur sur les communes de Drucat et Buigny-Saint-Maclou, au nord d'Abbeville.
Pas d'autorisation à ce jour pour un projet de 1000 vaches dans la Somme, mais la porte n'est pas du tout fermée.
Autorisation sous conditions strictes
À première vue, il s'agit d'une victoire pour l'association de riverains Novissen, qui s'oppose au projet depuis le début de l'enquête publique il y a plus d'un an. D'autant que l'autorisation accordée par le préfet est conditionnée «à l’observation de mesures strictes».
Des mesures qui, si l'on en croit le communiqué de la préfecture, vont largement au delà du cadre réglementaire.
Elles concernent les niveaux de bruit et d'odeurs autorisés pour les bâtiments d'élevage, le taux de rejets du méthaniseur, ou la liste des déchets admis à l'entrée de ce méthaniseur. Des parcelles sensibles auraient même été retirées du plan d'épandage.
Ce plan d'épandage sera soumis chaque année à validation du préfet. Enfin, l'exploitant sera tenu d'effectuer un suivi du trafic sur son exploitation, une mesure inédite pour une exploitation agricole, selon la préfecture.
Un panel de mesures qui a son importance. Si elles ne sont pas respectées, l'autorisation d'exploiter peut être retirée à Michel Ramery.
Des riverains plutôt satisfaits
«Nous sommes satisfaits de voir que le préfet a pris en compte nos remarques sur la dangerosité du site. De plus la taille du projet est revue à la baisse, c'est positif», a réagi à chaud Philippe Sallé, responsable de la communication de Novissen, qui réunira la presse pour une conférence de presse demain matin.
Par ailleurs, pour satisfaire l'association de riverains, le préfet a également annoncé qu'il mettrait en place une Commission locale d'information et de surveille (Clis), où siégeront élus locaux, représentants des associations de protection de l’environnement et services d’inspection de l’Etat.
Mais sur le fond, le préfet n'a limité la taille du projet à 500 vaches qu'à cause «des capacités d’épandage présentées par le pétitionnaire».
S'il dispose dans les années à venir de surfaces épandables supplémentaires – ce qui est prévu -, Michel Ramery pourra faire une demande d'extension auprès des services de l'état. Les 1000 vaches pourraient donc tout de même voir le jour.
Le porteur de projet n'a pas renoncé à ses 1000 vaches
Cette demande d'extension pourra faire l'objet d'un simple arrêté modificatif ou d'une demande d'autorisation, et donc d'une deuxième enquête publique.
Dans les faits, la décision du préfet ne semble pas remettre en cause les plans de Michel Ramery et son chef de projet Michel Welter. D'ailleurs la demande de permis en cours, déposée début janvier, concerne un complexe de bâtiments d'élevage prévus pour 1000 vaches laitières et leur suite, et ils ne semblent pas décidé à en changer.
Contacté par téléphone, suite à la parution de l'arrêt du préfet, Michel Welter, semble décidé à mener le projet des 1000 vaches à son terme, comme prévu initialement. «On va démarrer le projet, le mettre en route et montrer à tout le monde que ce que l'on fait est nickel».
Les travaux commenceront-ils cet été? Par sûr. Michel Welter assure qu'il attendra les délais de recours avant de se lancer. Deux mois pour son permis de construire, un an pour son autorisation d'exploiter.