Si le pilier semble intact, un espace s'est formé avec la dalle.
Deux visites du parking Amiens 2. Et deux avis défavorables. La Commission consultative départementale de sécurité et d'accessibilité (CCDSA), présidée par les pompiers du département, a souligné par deux fois le danger du parking couvert qui jouxte la gare et sa galerie commerciale. La raison de ces avis défavorables, ce sont des fissures qui s'étalent entre deux dalles de béton de ce parking, au niveau -1.
La première visite de cette commission s'est tenue en décembre 2012. À l'époque, représentants de la préfecture, du maire, du Service départemental d'incendie et de secours [Sdis, les pompiers], de la police et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) avaient constaté un écartement de deux dalles du parking. Rendant, du coup, un avis défavorable pour l'accueil du public. Avis, purement consultatif, que cette commission adresse au maire. Qui a la décision finale.
En l'occurrence, la Ville est propriétaire de ce parking couvert, et récupère les droits de stationnement que l'entreprise Vinci, simple prestataire, collecte. Mais il revient au maire de poser, ou non, l'arrêté de fermeture d'un lieu qui accueille du public.
Pour le moment, le parking reste ouvert. Car, selon Valérie Wadlow, adjointe à l'urbanisme et au stationnement, il convient surtout d'évaluer le risque réel. «La commission de sécurité a un regard réglementaire et normatif par rapport au risque au feu. Tout phénomène observé qui ne permet pas de cocher une case de leur expertise va mener à un avis défavorable. Ils sont dans leur rôle d'alerte», affirme-t-elle. Afin d'établir le risque réel, la Ville a mandaté un expert en bâtiments.
L'expert, justement, qu'en dit-il ? Selon Frédérique Charley, directeur des espaces publics à la mairie, «l'expert dit que, pour l'instant, la stabilité à froid et à chaud du bâtiment est assurée.» En d'autres termes, il semble que l'expert soit plutôt confiant, seul un des nombreux poteaux soutenant le parking présente une fissure.
Valérie Wadlow et Frédérique Charley sont confiants sur l'état du bâtiment.
Que sait-on de plus sur l'origine de cette fissure? Pour le moment, pas grand chose, selon la Mairie. Une étude du sol de la galerie a tout d'abord été demandée. Au cas où ce pilier s'enfoncerait dans un sol plus tourbeux que ce qui avait été imaginé lors de la conception de la galerie. Mais ce n'est pas le cas: les sols ont l'air bien fermes, selon les résultats de l'étude commandée en janvier.
La seule certitude, c'est que deux des dalles, soutenues par le pilier en question, ont bougé. De façon assez conséquente pour que le joint de dilatation qui les sépare en soit dépassé. «Nous allons surveiller l'écartement de la fissure. Et mener des observations précises pour tenter d'en avoir la cause», explique Valérie Wadlow.
Pour surveiller la progression de la fissure, ces premiers dispositifs ont été mis en place.
Pour l'instant, des témoins mécaniques d'écartement ont été placés à la limite des deux plaques en mouvement. Verticaux et horizontaux, ils devraient permettre de se faire une idée millimétrée des déplacements relatifs des dalles de béton. Mais dans les jours qui viennent, l'ingénieur-conseil devrait poser des dispositifs électroniques pour mener d'autres mesures. Ceux-là seront capables de détecter les mouvements des plaques au cours du temps.
S'il arrive que les dalles bougent à certaines heures de la journée, avant de revenir en place, ces mouchards le sauront. Et cela permettra de circonscrire une cause qui est, pour le moment, difficile à établir.
«On verrait peut-être que les dalles bougent lorsque des bus passent à certains moments sur le boulevard, par exemple», précise Valérie Wadlow. L'expert engagé par la Ville a conseillé de laisser tourner les capteurs électroniques pendant trois mois, minimum.
Mais s'il se passait quelque chose pendant ces trois mois? Pour Frédérique Charley, la solution est simple: il suffit de poser des étais. «Cela prendrait très peu de temps, et réglerait le problème: le poids des deux dalles serait réparti sur une surface supérieure, rassure le directeur des espaces publics. Mais si nous étayons maintenant, plus rien ne bougera, et l'expert ne pourra pas mener des recherches sur l'origine des mouvements.»
Valérie Wadlow renchérit: «Si l'expert alerte sur la situation, il est évident que le maire prendra un arrêté de fermeture. Mais on est vraiment loin de cette éventualité.»
Si le rapport de l'ingénieur devait appeler une solution plus lourde que des étais, il s'agirait probablement de renforcer la base des poteaux du parking. Ou de reforer et injecter du béton plus ou moins profondément.
Et si la situation devenait vraiment préoccupante? Le préfet a, comme le maire, la possibilité de rendre un arrêté de fermeture ou d'ouverture d'un lieu accueillant le public. Et cet arrêté prévaudrait sur celui du maire. Pour le moment, même si la préfecture fait partie, au même titre que le représentant du maire, de la commission consultative départementale de sécurité et d'accessibilité qui a émis cet avis défavorable, il n'est pas question de rendre un tel arrêté.
En effet, les services de la préfecture ont pris acte des démarches des services municipaux et laissent toute latitude au maire pour gérer la situation. «Ce n'est pas encore un sujet pour le préfet» fait-on savoir à la préfecture.
Et l'avenir pour le parking ?
Ces 800 places proches du centre, même si elles sont rarement toutes occupées, sont précieuses à la politique de stationnement de la ville. «S'il fermait, il n'y aurait aucun problème de report sur les autres parkings. Mais c'est important de garder des réserves de stationnement», indique l'adjointe à l'urbanisme. Surtout dans ce quartier de Gare-La-Vallée qui concentre bureaux et gare SNCF.
Même s'il est l'un des plus anciens parkings de la ville, il apparaît indésirable de le fermer pour des raisons financières. «Aujourd'hui, on atteint un équilibre de fonctionnement grâce aux recettes des parkings. Mais les coûts de construction ne sont jamais remboursés», explique Valérie Wadlow, rappelant un chiffre: la construction du parking Gare-La-Vallée, le plus récent en ville, a coûté 23000 euros par place de stationnement.
Un lecteur nous a averti, en début de semaine dernière, de l'avis défavorable de la commission de sécurité. Nous n'avons pas pu nous procurer cet avis. Selon les services de la préfecture, l'avis ne serait rendu public que si le maire ou le préfet devait prendre un arrêté de fermeture.
Valérie Wadlow et Frédérique Charley ont été rencontrés en mairie, lundi 17 juin.