Un médicament, un vaccin, un génotypage
Ces recherches, seront-elles utiles chez l'homme? D'après Hakim Houchi, les récepteurs existent à l'identique dans les mêmes zones du cerveau humain. Leur modulation pourrait donc bien être accessible à cette molécule CGS-21680 qui, par ailleurs, est connue pour ses effets contre Alzheimer ou Parkinson.
Une prochaine étape pourrait donc être de poursuivre des essais cliniques sur des humains. Mais les chercheurs n'en sont pas là. Prochainement, l'équipe du Grap va étudier, selon des protocoles assez similaires, l'action d'une autre molécule sur ces récepteurs A2A. «On va tester un anticorps spécifique de ce récepteur A2A, qui est doté de la même activité que la molécule CGS-21680. On le testera dans les mêmes conditions que le CGS, mais en l'injectant directement dans le cerveau», explique le chef de l'équipe.
Une autre piste: le vaccin contre l'alcool
Si les bons résultats obtenus dans cette première étude du Grap orientaient un éventuel traitement de l'alcoolodépendance sur une voie pharmaceutique, cette deuxième étude pourrait, au contraire, mener à une voie vaccinale. En effet, les anticorps sont des molécules produites par les cellules chargées de défendre un organisme. C'est la vaccination qui permet de faire produire ces anticorps aux cellules de l'immunité.
«Aujourd'hui dans la lutte contre l'addiction, la vaccinothérapie est en plein essor: des vaccins contre la cocaïne, contre la nicotine, pour empêcher les molécules d'arriver au cerveau», recense Mickaël Naassila. Mais pour l'instant, peu d'avancées dans la lutte contre l'alcoolisme: raison de plus pour mener ces recherches.
D'autant que l'anticorps leur est gracieusement fourni par un laboratoire marseillais qui travaille sur le même type de récepteurs neuronaux, mais dans un domaine assez différent pour que les équipes ne se marchent pas sur les pieds.
En attendant d'éventuelles recherches chez l'homme, les équipes du Grap doivent approfondir leurs connaissances sur le récepteur A2A. Certaines personnes présentent-elles des différences importantes dans l'expression du gène de A2A? Si c'est le cas, elles pourraient être plus sensibles ou, au contraire, plus résistantes face à la dépendance.
Une vraie piste à explorer pour améliorer le suivi, le sevrage ou la prévention chez les personnes abîmées par l'alcool.