L'extrême-droite qui se rêvait "étincelle"
La confusion sur les harkis n'est, évidemment, pas la seule incohérence de la démarche du parti d'extrême-droite qui dénonce la «colonisation» du quartier nord. Rappelons-le, à l'origine ce quartier a été créé quasiment ex nihilo dans le but d'accueillir les réfugiés harkis.
Thomas Joly refuse, par ailleurs, la nationalité française aux descendants d'immigrés: «une carte d'identité ne fait pas de vous un Français», argue l'élu picard. Pourtant il n'oublie pas de se scandaliser que certains de ces jeunes à qui il refuserait la nationalité puissent agiter des drapeaux d'autres pays en public.
Et, lorsque Thomas Joly dénonce l'abandon de la police dans ce quartier où règne, selon lui, «un semblant de paix sociale mais où il ne manquerait plus qu'une étincelle» pour provoquer de nouvelles «émeutes ethniques», on se demande si l'objectif d'une manifestation xénophobe et hostile à l'islam devant une future mosquée ne serait pas de mettre le feu aux poudres. Thomas Joly s'en défend: sa manifestation sera pacifique. «Pourquoi on n'aurait pas le droit de manifester pacifiquement? Y a-t-il des zones de non-droit en France?» s'interroge-t-il.
«Il est probable que cela ne se passe pas dans le calme: les Français musulmans ne vont pas accepter cette provocation. Mon sentiment c'est que cette manifestation ne se fera pas», estime Georges Vetrino.
Comme lui, de nombreux habitants et intervenants du quartier ne croient pas au rassemblement. Les risques de débordements paraissent trop grands pour que la préfecture laisse faire le Parti de la France. A minima, pour ne pas être accusée de brider leur liberté d'expression, la préfecture pourrait leur proposer un autre lieu de rassemblement.