Les affaires courantes et les gros dossiers
«Ce qui me gênait c'est qu'aujourd'hui il ne me restait plus rien à faire, plus de gros dossiers à mener. On était dans les affaires courantes, dans l'entretien», estime Alain Basset. Même s'il a trouvé, encore récemment, des gratifications à sa fonction de maire: «Dans la commune, l'assainissement n'est pas collectif. Il a fallu organiser une réunion publique pour expliquer aux habitants qu'un contrôleur allait passer chez eux. Et les gens viennent, ils s'intéressent à ces questions.» C'est aussi le côté «agréable» de son mandat. Mais il craint que, à terme, les compétences fuyant vers la métropole, les maires des petites communes disparaissent.
Le maire, face à un processus décisionnel qui lui échappait en partie, ne se sentait plus en capacité de réagir rapidement. «Je me suis rendu compte que pour les travaux demandés à la Métropole, c'était plus compliqué: on ne maîtrisait plus les délais. Avant, s'il avait fallu des travaux en urgence, on pouvait les décider en trois à quatre mois. Aujourd'hui si cela prend un an et demi entre la demande et la réalisation, on perd en réactivité.»
À l'appui, Alain Basset cite sa dernière déconvenue au conseil métropolitain. «Du temps de Gilles de Robien on avait déposé un dossier pour s'occuper de l'évacuation des eaux pluviales qui se collectent dans la mare de la commune et provoquent quelques inondations». Cette délibération a finalement été votée lors du dernier conseil métropolitain de la mandature de Gilles Demailly. «Au bout de six ans les services avaient relancé une étude qui reprenait environ 90% des critères de la première».
Bref, Alain Basset est très mécontent des délais d'exécution... et des méthodes. Car la ville devra participer à hauteur de 30% du financement des aménagements qui s'élèvent à près de 400 000 euros. Alain Basset, de son côté, estime qu'une partie de l'aménagement est de la pure compétence métropolitaine et, à ce titre, ne devrait pas être financée par sa commune. «Toutes ces décisions ont été prises sans aucune concertation avec les maires. J'étais complètement désarmé sur le dossier, je n'en ai eu qu'une présentation».
«On avait cette impression de décider»
Pourtant, selon l'élu, la gouvernance n'a pas toujours été aussi éloignée des élus des petites communes. «Avant, du temps de Gilles de Robien, la métropole était divisée en communautés. On se réunissait entre élus de chaque secteur, avec les services et le directeur de proximité. On avait un budget et on décidait nous-même des travaux à financer. Et si on n'avait pas pu avoir nos travaux, on savait qu'on pourrait se mettre d'accord l'année suivante avec les maires du secteur. On avait cette impression de décider. Mais ces communautés ont été supprimées sans concertation sous Demailly, et tout a été centralisé. Cela nous a enlevé le plaisir de nous rencontrer en réunion».
Le sentiment d'Alain Basset, c'est que les décisions étaient prises en comité restreint, par les élus de l'exécutif. Soit, principalement, les élus de la majorité amiénoise. Les élus des petites communes avaient-il la possibilité d'infléchir la politique de la Métropole? Alain Basset émet des doutes. «Dans cette mandature, cela ne servait à rien d'intervenir en commission, on ne pouvait pas infléchir les dossiers. On avait un peu perdu le sens de l'intervention.»
«On ne pèse pas très lourd, mais, après tout, c'est normal», relativise-t-il. Après tout, s'il paraissait parfois difficile de participer aux processus de décision et s'il s'est senti parfois maltraité par la Métropole, il garde, à la fin de son expérience politique, l'impression qu'il aurait pu faire bouger les choses, avec ses collègues maires, si des dossiers l'avaient mérité. «Nous sommes sept ou huit maires, de tous bords, à nous rencontrer régulièrement pour discuter des dossiers importants. On se serait concertés et on aurait mis le dossier sur le tapis».