Tout l'après-midi, ils ont défilé sur les boulevards, finissant par s'arrêter sur le parvis du Cirque. Après avoir copieusement klaxonné, ils ont brûlé un cercueil sur lequel ils avaient agrafé les raisons de leur mécontentement. Des cortèges similaires ont défilé partout en France aujourd'hui.
Et elles étaient nombreuses, leurs raisons. La première crainte, c'est que la TVA de leur activité remonte à 10%, après une première hausse en 2011 qui l'avait fait passer de 5,5% à 7%. «On voudrait qu'elle revienne à 5,5%», explique José Faucheux, président régional de la Capeb, la confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment. «Selon les critères européens, la TVA à 5,5% est une TVA qui concerne les produits de première nécessité. On considère que le logement pour tous est un droit et qu'il doit bénéficier de cette TVA.»
Mais la hausse possible de la TVA n'est pas le seul sujet qui irrite José Faucheux et ses confrères. «On veut plus de visibilité et de pérennité sur les crédits d'impôts. Le temps que l'on explique à nos clients les avantages, les mesures ont déjà changé.» Les calculs de la Contribution foncière des entreprises (CFE), qui remplace leur taxe professionnelle, entrent aussi dans le mouvement de grève nationale. Si dans la Somme, la CFE semble raisonnable aux artisans, elle connaît des hausses record dans d'autres départements.
Après son entrevue avec le préfet, José Faucheux a rassuré ses confrères.
En concurrence avec les gros groupes et les auto-entrepreneurs
Enfin, ils ont conscience de la concurrence des grosses entreprises et des auto-entrepreneurs. Ils réclament plus de contrôles sur les entreprises afin d'identifier celles qui font venir des travailleurs d'Europe de l'est de façon illégale. Ils réclament également la disparition du statut d'auto-entrepreneur qui, selon eux, cache souvent beaucoup de travail non déclaré.
Dans l'après-midi, une délégation a été reçue par le préfet de région. Ils sont sortis de la préfecture peu après 16 heures, visiblement soulagés. «Le préfet nous a reçu avec son directeur de cabinet, et ils avaient déjà préparé des notes pour toutes nos revendications.» Une attention qui a rassuré les manifestants. Par ailleurs, le préfet a promis de programmer des réunions de travail avec les représentants des syndicats, sous une quinzaine de jours.
La préfecture a-t-elle des moyens d'action? «Oui, il y a des choses qui peuvent se faire au niveau local, comme influer sur les plans de rénovation urbaine ou de rénovation énergétiques, qui sont des plans régionaux», estime José Faucheux.