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L'école maternelle La Paix accueillera les tout-petits

Le 04 September 2012
Reportage commentaires
Par Fabien Dorémus A lire aussi

L'équipe enseignante au complet: Caroline Libaud, Didier Damette, Vanessa Prestaux, Cathy Morgand, Amélie Bayard (de gauche à droite).

C'est un petit rayon de soleil dans le ciel bien nuageux de la rentrée scolaire.

Alors que les suppressions de postes d'enseignants, décidées par le gouvernement précédent, n'en finissent pas d'exaspérer les syndicats, à Amiens, l'école maternelle La Paix respire. La bonne nouvelle est tombée le 5 juillet dernier: une nouvelle classe sera ouverte dans l'établissement!

Située au nord d'Amiens, dans la partie la plus populaire du quartier Saint-Ladre (voir la carte), à un petit kilomètre de l'école Voltaire, incendiée lors des émeutes des 13 et 14 août, cette école bénéficie d'un des 1000 postes d'enseignants créés pour la rentrée par le ministre de l'Éducation, Vincent Peillon.

 
L'école est au coeur du quartier Saint-Ladre, au nord de la ville.

Depuis 2011, la direction de l'école demandait l'ouverture d'une nouvelle classe afin de pouvoir accueillir les enfants du quartier âgés de deux ans seulement.

Un peu trop jeunes pour rentrer à l'école?

C'est tout le contraire, rétorquent les enseignants. «Faire quatre années de maternelle permet une meilleure socialisation des enfants, explique Caroline Libaud, la directrice, ils sont bien mieux préparés pour la suite».

Quatre ans de maternelle, c'est aussi plus de temps pour travailler l'acquisition du langage. Et cela concerne tous les enfants, qu'ils soient issus de familles d'origines étrangères ou non.

L'équipe pédagogique de l'école est unanime sur ce point: dès l'entrée au CP, les enseignants voient la différence entre les enfants qui ont fait trois ou quatre ans de maternelle.

L'enseignante prévenue au dernier moment

L'année dernière, il y avait quatre classes à La Paix. Cette année, c'est cinq. Alors une nouvelle enseignante a fait son arrivée dans l'équipe, Amélie Bayard. Une transfuge de l'école maternelle Les Verrières, en centre-ville d'Amiens, établissement dont elle était la directrice.

Une nouvelle venue qui n'a été mise au courant de son affectation que le mercredi 29 août, en fin de journée. Cela laisse bien peu de temps pour se retourner, alors que les enseignants de La Paix faisaient leur rentrée dès le 31 août au matin.

Pourquoi cette affectation arrive-t-elle si tard? Le syndicat donne sa réponse. Pour Stéphane Magnier, responsable du Snuipp, c'est presque une fatalité dans le contexte actuel: « Avec la pénurie de postes, on fonctionne à flux tendu ».

Chamboule-tout en douceur

Aujourd'hui, mardi 4 septembre, c'est la rentrée des enfants. Mais pas tous en même temps. L'établissement ouvrira ses portes aux élèves de grande section, nés en 2007, et de moyenne section, nés en 2008.

C'est seulement jeudi qu'arriveront les petits et les très petits, cartables au dos et parfois larmes à la joue.

Leur rentrée, à eux, se fera en douceur.

Les petites et très petites sections resteront un peu plus d'une heure à l'école avec leurs parents, jeudi matin, puis rentreront chez eux. Ils reviendront le lendemain mais cette fois-là les parents s'éclipseront.

Dans les murs de la maternelle La Paix, de grands travaux ont été effectués pour pouvoir trouver de la place aux petits nouveaux.

Les travaux, c'est la mairie qui a mis la main au porte-monnaie pour les réaliser, cet été. Des éclairages et un faux plafond refait, un coup de peinture, et un nouveau point d'eau commandé pour la rentrée - il sera installé cette semaine, si tout va bien.

Coût total de l'opération: 15000 euros financés sur le budget de la Ville.

La bibliothèque a été transformée en salle de classe. Les livres ont déménagé dans une pièce voisine, qui servait jusqu'alors aux cours de phonologie, qu'une enseignante dispense dans plusieurs établissements à la fois.

Dans l'ancienne bibliothèque, les petits écoliers s'éveilleront en groupe de six ou sept. Pas de cours magistral à cet âge. Les petits groupes permettent de mieux cerner les difficultés éventuelles que rencontrent les élèves.



Bouteilles d'eaux colorées: une initiation aux sciences pour les tout-petits.

La nouvelle classe ne regroupera pas seulement des tout-petits. De l'avis des enseignants ce serait même intenable. À la maternelle La Paix, on a fait partout des classes de double niveau. Dans une même salle, on peut retrouver par exemple des enfants de grande et de moyenne section.

Première classe: 13 grands et 10 moyens.
Seconde classe: 12 grands et 10 moyens.
Troisième classe: 16 moyens et 6 petits.
Quatrième classe: 14 petits et 8 tout-petits.
Cinquième classe: 13 petits et 10 tout-petits.

Une organisation originale qui permet «une meilleure différenciation pédagogique», indique Didier Damette qui s'occupe de la troisième classe. Le double niveau est un double avantage pour les enfants: les plus grands aident les plus jeunes - ça les valorise - et les plus petits essayent de ressembler à leurs aînés.

Dans les coulisses de l'école aussi, il y a du changement.

Affairées au moment du reportage au nettoyage des sols et des sanitaires, Pascale Demarquet et Kathia Morais sont Agents territoriales spécialisées des écoles maternelles (Atsem).

L'ouverture de la nouvelle classe a chamboulé leurs habitudes.

L'an dernier, Kathia Morais était la seule Atsem de l'école. Désormais, Pascale Demarquet, sa nouvelle collègue, vient lui prêter main forte. «Je travaillais depuis cinq ans à l'école La Rochefoucauld mais une classe a fermé, explique cette dernière, un peu émue, j'étais celle qui avait le moins d'ancienneté, j'ai été mutée ici».

Une trajectoire de vie qui rappelle que si la maternelle La Paix peut fêter son ouverture de classe, beaucoup d'établissements, dans la région, pleurent leurs fermetures.

Dans l'œil du Télescope

Le reportage a été effectué le vendredi 31 août. Le syndicaliste du Snuipp a été contacté par téléphone ce même jour.