Un ministre, un préfet de région, des conseillers régionaux, des conseillers généraux, des maires et présidents d'agglomération, des députées. Bref, beaucoup de beau monde pour assister à la présentation du projet que l'on appelle communément le barreau de TGV Creil-Roissy. Un chantier dont le coût est estimé à 306 millions d'euros en 2011.
Ce projet, c'est un simple barreau ferroviaire de 6,5 kms entre deux lignes bien utilisées: celle qui joint Amiens à Paris nord, et la ligne grande-vitesse qui joint Paris au Nord de la France et de l'Europe, en passant par l'aéroport Roissy Charles-de-Gaulle. Par ce nouveau tracé, les TGV quittant Paris pour le Nord de la France, l'Europe ou Londres, pourront s'arrêter à Amiens, plutôt qu'à la gare TGV haute-Picardie. La nouveauté, c'est que l'on sait désormais que le tracé passera dans la zone de Vémars et de Villeron, en tentant de limiter les dégradations du bois d'Argenteuil.
Sur le terrain, les 306 millions d'euros du projet serviront aussi à adapter certaines gares et des portions de la ligne Paris-Creil pour recevoir un trafic supérieur: des quais et des voies supplémentaires à Roissy ou Gouvieux, par exemple. «Nous n'allons pas repousser encore une belle évidence économique, s'est exclamé le ministre Frédéric Cuvillier, face aux élus locaux. Nous allons raccrocher la Picardie à la grande vitesse, à l'interconnexion de Roissy, deuxième aéroport d'Europe.»
Mais pas avant 2020, année de mise en service estimée. Auparavant, il faudra en passer par des études préalables, une décision ministérielle, une enquête d'utilité publique et enfin les travaux. Bref, ces 6,5 kilomètres vont paraître bien longs à parcourir. Aujourd'hui, le ministre a simplement pris sa décision quant au tracé retenu.
Les absents ont toujours tort
Le projet canal Seine-Nord s'est également invité dans le débat. Le ministre a su rassurer les plus enthousiastes: il n'est pas là pour enterrer le projet. Frédéric Cuvillier a rappelé que l'objectif du gouvernement est désormais de s'assurer que le financement européen s'élève à 30% (notre article).
Il a également rappelé que le coût du canal Seine-Nord se serait élevé à plus de 7 milliards d'euros selon l'ancienne mouture issue des négociations du dialogue compétitif, avorté début 2013. D'où l'idée de lancer une mission de réduction des coûts qu'il a confiée au député Rémi Pauvros (notre article).
Si Frédéric Cuvillier est resté clément avec voies navigables de France (VNF) et son président Alain Gest, député de la Somme, il a tout de même rappelé qu'il «est important que les grands projets ne viennent pas empêcher les aménagements du quotidien». Une allusion au manque d'entretien des voies fluviales secondaires, à la charge de VNF, pointé par de nombreux élus locaux. Quant aux élus écologistes présents, ils ont rappelé leurs doutes sur l'intérêt économique du canal que doit porter VNF.
Alain Gest n'était pas présent pour se défendre, malgré l'invitation de la préfecture. Dommage, il aurait eu face à lui le conseiller régional Front national, Michel Guiniot, qui a demandé sa démission. L'élu accuse Alain Gest (UMP) d'avoir caché le coût du projet et participé à ce qu'il considère comme une manœuvre électorale de Nicolas Sarkozy.