Cédric Maisse présentait sa liste le 26 février au cloître Dewailly.
C'est mercredi 26 février, à la salle Dewailly, que Cédric Maisse a présenté sa liste pour l'élection du maire d'Amiens. «Aube nouvelle, Amiens combat l'austérité», c'est le nom de la liste, en référence au journal militant Aube nouvelle que le conseiller municipal édite depuis 2009. «On voulait informer les gens de ce qui se passait en mairie», résume celui qui avait été élu sur la liste de Gilles Demailly avant de former son propre groupe municipal «Communistes en action».
Aujourd'hui, Cédric Maisse a réuni autour de lui et de son aspiration à «combattre l'austérité» 54 personnes. Et recueilli le soutien de quelques personnalités, comme Mickaël Wamen, le syndicaliste de la CGT Goodyear ou François Ruffin, le journaliste créateur de Fakir et ancien collaborateur de l'émission Là-bas si j'y suis, sur France Inter. Bref, des personnalités fortement ancrées à gauche.
Parmi les colistiers de «l'Aube nouvelle» une minorité est actuellement encartée. Ils seraient 6 encartés au PCF (sans prendre en compte une éventuelle exclusion de Cédric Maisse, menace que laisse planer la section locale du PCF mais qui doit être tranchée nationalement) et deux représentants du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, dont Loïc Terlon, le secrétaire de la section de la Somme. On trouve également trois Indignées qui ont trouvé leurs places entre la 10e et la 36e position de la liste. D'autres se sont engagés... par le passé: on trouve quatre anciens du PCF, deux anciens du NPA (Nouveau parti anticapitaliste, qui a succédé à la Ligue communiste révolutionnaire, LCR).
On trouve enfin, dans plusieurs des catégories représentées par le graphique ci-dessous, plusieurs anciens proches de Maxime Gremetz et de son mouvement Colère et espoir. C'est le cas de Dolores Esteban (2e), Claude Chaidron (7e, actuellement PCF), Patrick le Scouëzec (5e), Brigitte Devauchelle (16e) ou encore Francis Deblangy (41e).
Une continuité que Cédric Maisse assume, d'une certaine façon, face à un Parti communiste qui l'a exclu récemment: «Les anciens gremetziens, comme Dolorès Esteban, sont des militants de terrain. Le PCF d'aujourd'hui est coupé de tout», expliquait-il dans un précédent entretien au Télescope.
Enfin, dans sa liste, les trois élus municipaux sortants du groupe municipal «Communistes en action» sont présents: lui-même, Fabienne Debeauvais et Maria-Helena Loew. Même si cette dernière, en 54e position, manifeste plus un soutien qu'une velléité à revenir au conseil municipal. D'autres colistiers remplissent ou ont rempli des mandats électifs. C'est le cas de Claude Chaidron, conseiller général du canton Amiens-ouest, c'est aussi le cas de Brigitte Descamps (6e), qui a été conseillère municipale communiste d'Amiens jusqu'en 2008.
Néanmoins, si l'on compte deux membres du Parti de gauche sur la liste, et que Jean-Luc Mélenchon pourrait venir soutenir les candidats, «Aube nouvelle» a fait l'impasse sur les autres composantes du Front de gauche, comme Gauche unitaire, malgré des négociations qui n'ont pas abouti.
Associations et syndicats bien représentés
Même si les partis politiques sont peu représentés dans la liste (notons que leurs représentants occupent plutôt la première moitié de la liste), on y trouve d'autres formes d'engagement. En effet, on compte 18 colistiers syndiqués (ouvriers, chauffeurs, étudiants, enseignants). Remarquons que le statut de syndicaliste est mis en avant dans la présentation des candidats, en revanche, les représentants d'Aube nouvelle ont fait le choix de ne pas divulguer le nom des syndicats.
Certes, on reconnaît des membres de la CGT, comme Patrick Le Scouëzec (Insee), Didier Hérisson (Goodyear) ou Florian Lévêque (Fnac). On trouve aussi un responsable du Snesup-FSU (Jean-Philippe Morin) ou Gabriella Giampietri, élue d'un syndicat étudiant. Néanmoins, aucun de ces syndicats ne soutient officiellement la candidature de Cédric Maisse, les représentants sont donc présents à titre personnel.
On trouve également au moins une quinzaine de militants d'associations diverses. Auxquels on peut ajouter des employés d'associations, comme la conseillère municipale sortante Maria-Helena Loew, employée du centre social Alco. Il y a donc, dans les rangs de la liste «Aube nouvelle», une bonne partie de militants convaincus. Depuis les activités socio-éducatives, culturelles, politiques jusqu'au bénévolat caritatif (le Secours catholique pour Christine Voiturier, 44e).
Par ailleurs, certaines candidatures viennent directement dans le sillage de Dolores Esteban, très active dans son association de sauvegarde du site du Château-Blanc et au travers de ses onze «comités de vigilance» créés dans la ville. C'est le cas d'Anne-Marie Guiziou-Guetemme, militante de la ZAC Intercampus. D'autres suivent Claude Chaidron, très actif au quartier d'Étouvie, au travers de son Amicale des locataires du quartier d'Étouvie (ALQE). C'est le cas de nombreux colistiers issus d'Étouvie.
Justement, de quels quartiers viennent les colistiers de Cédric Maisse? Plutôt des quartiers populaires, avec Saint-Maurice, Sud-est, Étouvie, Amiens nord... Même si on trouve aussi des colistiers qui vivent à Henriville ou en centre-ville (dont deux à Saint-Leu).
D'autres quartiers comme Plein sud, Saint-Acheul, le Petit Saint-Jean ou Gare-la Vallée sont également représentés dans la liste mais, avec un ou deux représentants, ils ne figurent pas sur ce graphique.
Éducation et social au cœur de la liste
«Ce n'est pas une liste de cadres ou d'universitaires», avertissait Cédric Maisse, affirmant être «dans le réel, avec ceux qui travaillent et qui subissent le chômage». Et c'est bien le cas: dans la liste de Cédric Maisse, très peu de cadres, un seul universitaire: Jean-Philippe Morin, maître de conférence de la faculté de sciences, qui occupe la 37e place de la liste.
Néanmoins, beaucoup d'autres colistiers sont issus du monde de l'éducation: professeurs des écoles, du secondaire, directeurs d'école. Sous la catégorie santé/social, des agents de service hospitaliers, des assistantes sociales. Aucune profession libérale de santé a priori. Dans la ligne N.C., cinq travailleurs dont le rattachement (public/privé) n'est pas renseigné.
Ce qui apparaît ainsi dans la liste «Aube nouvelle», c'est la prédominance des employés de la fonction publique. Par ailleurs, même si cela ne figure pas dans le graphique, au moins deux tiers des retraités en sont issus. Néanmoins, près d'une vingtaine de colistiers sont issus du privé (en comptant les retraités). On y compte des ouvriers dont Goodyear, chauffeurs de bus, employés de commerce, ouvriers du bâtiment...
Enfin, l'âge moyen des colistiers de Cédric Maisse est de 51,3 ans. La plus jeune, 19 ans, pointe à la vingtième place, il s'agit de Gabrielle Giampietri. Le plus âgé serait Claude Chaidron, 69 ans. Mais la tranche d'âge la mieux représentée est celle des 45-55 ans, on y trouve 23 colistiers.
Liste complète page suivante.
1. Cédric Maisse, 41 ans, conseiller municipal communiste sortant, enseignant
2. Dolorès Esteban, 52 ans, enseignante, militante associative
3. Loïc Terlon, 31 ans, ambulancier, Parti de gauche
4. Fabienne Debeauvais, 63 ans, retraitée du commerce, conseillère municipale sortante, syndicaliste et féministe
5. Patrick Le Scouëzec, 55 ans, cadre Insee, syndicaliste
6. Brigitte Descamps, 60 ans, directrice d’école retraitée, ancienne conseillère municipale communiste
7. Claude Chaidron, 69 ans, conseiller général communiste
8. Anne-Marie Guiziou-Guetemme, 68 ans, enseignante retraitée, militante associative
9. Jean-Rémy Macaux, 61 ans, ouvrier retraité
10. Laura Thièblemont, 50 ans, assistante sociale, Indignée
11. Thierry Normand, 48 ans, chauffeur de bus syndicaliste
12. Sabine Paris, 46 ans, animatrice
13. Philippe Crigny, 60 ans, retraité des services hospitaliers, syndicaliste
14. Kheira Abbed, 51 ans, professeur des écoles, Indignée
15. Hervé Lefèvre, 45 ans, directeur d’école
16. Brigitte Devauchelle, 62 ans, retraitée
17. Jean-Michel Warin, 66 ans, enseignant retraité, Parti de gauche
18. Murielle Metgy, 42 ans, aide à domicile
19. Jean-Claude Manebard, 68 ans, retraité de la ville d’Amiens, militant associatif
20. Gabriella Giampietri, 19 ans, étudiante
21. Didier Hérisson, 52 ans, ouvrier spécialisé, délégué syndical Goodyear
22. Dalila Nouawy, 49 ans, assistante médico-administrative
23. Adrien Levrat, 26 ans, employé administratif
24. Justine Leleux, 21 ans, étudiante
25. Florian Lévêque, 33 ans, employé de commerce, syndicaliste
26. Marie-Christine Moffroid, 57 ans, enseignante
27. Sébastien Dehen, 39 ans, chauffeur de bus syndicaliste
28. Maryline Chireux, 55 ans, auxiliaire de vie
29. Jean-Michel Joly, 47 ans, fonctionnaire
30. Maria Bongkou, 56 ans, demandeuse d’emploi
31. Jean-Charles Delépine, 47 ans, informaticien
32. Béatrice Ripp, 53 ans, agent des services hospitaliers
33. Pascal Lesec, 52 ans, fonctionnaire
34. Régine Bréant, 60 ans, agent d’entretien
35. Gérard Tillier, 66 ans, ouvrier retraité
36. Martine Huet, 50 ans, secrétaire
37. Jean-Philippe Morin, 45 ans, maître de conférence, syndicaliste
38. Isabelle Besson, 48 ans, enseignante
39. Frédéric Damiens, 42 ans, demandeur d’emploi
40. Nathalie Bockassa, 49 ans, agent polyvalent
41. Francis Deblangy, 67 ans, retraité de la ville d’Amiens
42. Elise Danloy, 47 ans, employée de commerce
43. Ghislain Lefèvre, 66 ans, retraité du bâtiment
44. Christine Voiturier, 51 ans, sans emploi
45. François Grandsir, 65 ans, musicien
46. Valérie Lamblin, 53 ans, enseignante
47. Tengiz Arif, 60 ans, cuisinier, militant associatif
48. Leïla Rouai, 42 ans, agent des services hospitaliers
49. Yann Nkazi, 45 ans, agent d’exploitation logistique
50. Marie-Claire Tavernier, 62 ans, secrétaire retraitée
51. Benoît Gamand, 34 ans, informaticien
52. Edith Piel, 64 ans, retraitée de l’éducation nationale
53. Alain Lamblin, 63 ans, enseignant du privé
54. Maria-Héléna Pereira Loew, 56 ans, conseillère municipale communiste sortante, médiatrice interculturelle,
55. Akim Grib, 44 ans, réalisateur-documentariste
Les détails sur les colistiers ont été, pour beaucoup, récoltés auprès d'Adrien Levrat, 26e de la liste, dans la limite de sa mémoire et de sa connaissance des candidats. Vous pouvez consulter les détails du sondage Paris-match auquel je fais référence dans l'introduction ici.
modification: le 13 mars, Cédric Maisse nous a signalé qu'il a contacté les instances nationales de son parti pour contester l'exclusion. Il n'est donc pas exclu du PCF, jusqu'à présent, contrairement à ce que j'écrivais dans une première version de l'article.