Concentration des pouvoirs
Pour Olivier Jardé, l'essentiel est de «donner l'exemple». Car l'élu, s'il prenait le fauteuil de Gilles Demailly en 2014, ne s'arrêterait pas là. «Il y a environ 130 départs à la retraite par an chez les personnels. J'estime qu'on pourrait ne pas en remplacer 30 sur 130 chaque année.» Et d'ajouter : «Il ne s'agit pas de supprimer des postes pour supprimer des postes. Mais, je le vois bien à l'hôpital [Olivier Jardé est chirurgien, ndlr], avec l'informatique on a réduit le nombre de secrétaires.» L'argent ménagé par la collectivité serait notamment utilisé pour faire baisser la fiscalité, assure l'élu.
Mais si Olivier Jardé fait ces propositions de réduction du nombre d'adjoints au maire et de vice-présidents à la métropole, c'est aussi parce qu'il veut changer la gouvernance locale. «Il faut un chef, explique-t-il. Et ne pas diluer les responsabilités. Aujourd'hui, demandez aux Amiénois s'ils connaissent leurs adjoints. Personne ne sait donner de nom. Si les Amiénois ne les connaissent pas, c'est qu'ils ne sont pas forcément fonctionnels. Il faut des adjoints à temps complet et responsables chacun d'un secteur de la ville. Je dis quatre secteurs, ça peut être trois ou cinq, mais ma doctrine c'est la proximité.» Il souhaite également renforcer la mutualisation des services entre la Ville et la Métropole.
Le modèle de gouvernance défendu par Olivier Jardé fait bondir à gauche. En tout cas du côté des animateurs du site Amiens-La Fabrique. Dans une contribution intitulée «Cassons le mythe de l'homme providentiel» Émilie Thérouin et Jean-François Vasseur, élus de la majorité municipale, considèrent que «les concentrations de pouvoirs et les propositions de réduction du nombre des élus dans les exécutifs, sous prétexte d’économie ou d’efficacité, sont des mesures dangereuses et contre-productives».
«Les services ont dit que...»
Sans le nommer, ils ciblent Olivier Jardé. Pourquoi ces mesures seraient-elles «dangereuses et contre-productives»? Jean-François Vasseur, vice-président d'Amiens métropole en charge du développement économique, s'explique: «Faire baisser le nombre d'élus dans l'exécutif conduit à un fonctionnement non démocratique. Ceux qui concentrent les pouvoirs vont travailler avec des cabinets ou des administrations non élus. Avec ce fonctionnement, on retire de la compétence politique à l'autorité politique, et on se retrouve avec des adjoints qui disent: «Les services ont dit que...»»
Pour cet ancien membre d'Europe-Écologie-Les-Verts, la Ville et la Métropole ont besoin du travail collaboratif des élus. Des élus qui ne doivent pas être dépossédés de leurs compétences par le maire. «Il faut une meilleure collégialité, un plus large consensus mais aussi établir clairement à quels niveaux se font les arbitrages. Ce sont là les principes d'un fonctionnement démocratique!» Jean-François Vasseur milite pour que les fonctions de maire d'Amiens et de président d'Amiens métropole ne soient plus assurés par la même personne.
De son côté Olivier Jardé indique avoir bien conscience des risques potentiels de ses propositions «mais dans chaque décision, il y a un risque», estime-t-il. Pour éviter que le pouvoir politique ne se retrouve dans les mains des cabinets et administrations non élus, il compte sur «des adjoints de bonne qualité et responsables. Car la décision doit rester politique.»