Archives du journal 2012-2014

Épicerie en quête de local

Le 10 July 2013
Enquête commentaires

Elsa Englard et Céline Lefèvre présentaient leur projet et recherchaient des bonnes volontés sur le village associatif du festival de musique de Revelles, samedi dernier.

L'occasion de consommer autrement et localement. C'est la signification du sigle de l'association L'ocal, qui vient tout juste de se créer à Amiens.

Et cela résume parfaitement la démarche de sa douzaine de membres. Au départ, ils se sont retrouvés sur plusieurs idées. «Dans notre quotidien, on recherche tous à bien manger, à bien consommer». Une fois ce constat posé par Céline Lefèvre, coordinatrice de l'association, ils ont défini ce qui était, pour eux, la bonne façon de consommer. «Il faut que le consommateur sache d'où vient sa nourriture: on cherche à rapprocher le consommateur du producteur».

Des structures qui se donnent pour but de rapprocher les producteurs et les consommateurs, il en existe déjà dans la région. Il y a les Amap (Associations pour le maintien de l'agriculture paysanne), les sites de vente en ligne comme «la ruche qui dit oui» ou encore «somme-produitslocaux.fr» (voir notre article).

Qu'est-ce qui différencierait le projet de l'association L'ocal des autres fournisseurs de produits locaux ou bio? L'échoppe fonctionnerait comme un commerce de proximité. «L'idée c'est de créer un lieu ouvert toute la semaine, contrairement aux systèmes d'Amap ou à la Ruche qui dit oui qui procèdent par livraisons.» Pour se fournir dans cette épicerie, pas besoin de commander en ligne. Un moyen pour eux de toucher une nouvelle clientèle, qui n'aurait pas fait la démarche de s'inscrire dans les systèmes évoqués précédemment.

«Dans les Amap, on va chercher son panier et on ne rencontre qu'un ou deux producteurs. Nous, on aimerait qu'il y ait un vrai contact entre les producteurs du secteur et les consommateurs. Que chacun puisse expliquer sa démarche aux clients de l'épicerie. Une autre différence est qu'on ne négocierait pas les tarifs des producteurs», s'explique Céline Lefevre.

Casser l'image du bio trop cher

«On voudrait casser l'image du bio plus cher. Nous, nous affirmons que le bio n'est pas forcément plus cher. Notamment s'il ne s'agit pas d'un produit transformé ou si cela passe par un circuit court». Elsa Englard est trésorière de l'association. Tout comme Céline Lefèvre, elle revendique un intérêt pour le bien-manger mais elle n'est pas une intégriste du bio. «On ne compte pas travailler qu'avec des producteurs qui ont le label bio, mais avec tous ceux qui partagent une démarche de production particulière.»

«Beaucoup de producteurs sont intéressés par ce genre de projets. Ceux qui débutent dans le bio, par exemple, et qui ont besoin d'un retour sur la qualité de leurs produits. Beaucoup seront aussi ravis d'expliquer leurs choix de production», estime Elsa Englard.

Une région peu avancée sur le bio

En Picardie, les producteurs biologiques sont rares. «La région est dans les dernières de France, en ce qui concerne l'agriculture biologique». En 2010, la région figurait à la 23e place française en terme de surfaces dévolues à l'agriculture biologique sur un classement de l'Agence pour le bio.

Comment trouver des produits locaux et variés? Il faudra s'adapter: «On est déjà entrés en contact avec un producteur de pommes, un viticulteur, une coopérative de producteurs, mais on ne s'arrêtera pas à la Picardie: on pourra aller chercher nos produits jusque dans le Nord.»

Céline Lefèvre est aussi entrée en contact avec la fédération des Amap de la Somme: de fait, les agriculteurs qui produisent bio ou qui passent par des circuits courts ne sont pas légion, et fréquentent déjà les autres réseaux de distribution locale existants. Au-delà des différences de détails, les membres de L'ocal espèrent être complémentaires. «Avec un lieu qui serait ouvert toute la semaine, on pourrait organiser des sensibilisations, des rencontres avec les producteurs...»

L'ocal cherche local

Le local dont l'association rêve, ce serait une soixantaine de mètres carrés, minimum, situé plutôt dans l'ouest de la ville, où les Amap et les ruches sont plus rares. Un lieu de vente, une réserve, une chambre froide... «Il ne faut pas que cela soit trop petit, puisqu'on aimerait installer une bibliothèque pour se documenter sur l'agriculture, le commerce équitable, les circuits courts...» Mais là encore, rien n'est gravé dans le marbre.

Selon les activités que mènera l'association ou ses partenariats, les besoins pourraient varier.

Bref, l'association se cherche encore. C'est pour cette mission que Céline Lefèvre a obtenu cinq mois de financement par le fonds social européen pour un poste dans l'association. Coordinatrice, elle a pour objectif de définir le projet, les partenaires, la forme finale de l'épicerie.

Si les membres de L'ocal le peuvent, alors elle devrait garder une forme associative. «Les nouveaux clients devraient s'acquitter d'une somme symbolique pour devenir adhérent de l'association. C'est très important pour nous: ce moment nous permettrait de leur donner les statuts de l'asso, en même temps qu'expliquer notre démarche, notre éthique auprès des producteurs. Grâce à ce système, ce serait vraiment l'épicerie des consommateurs, c'était notre idée de base.»

Dans l'œil du Télescope

J'ai rencontré les membres de cette jeune association lors du festival R4, à Revelles. Vous pouvez contacter les membres de cette association à l'adresse local.asso@gmail.com.