En avril dernier, la Picardie pointait à l'avant dernière place des régions utilisatrices d'emplois d'avenir, avec seulement 423 contrats signés. Mais en quelques semaines, la situation s'est redressée.
La région est aujourd'hui revenue à hauteur de la moyenne française. Dans le secteur non-marchand, à savoir les associations et collectivités qui représentent 90% du dispositif prévu, 33% des objectifs de l'année ont été remplis en Picardie contre 34% dans le reste de la France.
Depuis le lancement du dispositif en novembre dernier, 935 contrats ont été signés dans l'ensemble de la région, soit 36% de l'objectif annuel, selon les chiffres communiqués par le direction régionale du Travail, le 29 juin dernier. Les résultats sont plus nuancés dans le département de la Somme avec seulement 26% des objectifs atteints.
«Il fallait un temps de compréhension»
En avril dernier (voir notre article), le Préfet qui constatait que la Picardie était «en retard sur tous les dispositifs», avait une explication: «Le gros problème, c'est le moral des troupes».
Aujourd'hui les représentants de l'État sont rassurés. «Il fallait un temps de compréhension, estime François Tillol, directeur adjoint de la Direccte Picardie, en charge des emplois d'avenir dans la structure. Le dispositif est maintenant bien connu et vient de trouver son rythme de croisière.»
François Tillol, directeur adjoint de la Direccte Picardie.
Pour le responsable des emplois d'avenir à la Direccte, le retard à l'allumage tenait pour un part au calendrier. «Le dispositif a été annoncé en fin d'année. Dans certaines structures associatives, les budgets étaient déjà validés. Il était difficile d'en changer.»
Lancé en novembre dernier, le dispositif «emplois d'avenir» est une subvention accordée par l'État pour toute nouvelle embauche de jeunes âgés de 16 à 25 ans, ou de jeunes en situation de handicap de moins de 29 ans, sans emploi, non qualifiés ou peu qualifiés. Le dispositif concerne jusqu'aux bac+3 dans les zones dites prioritaires comme les zones urbaines sensibles ou les zones de revitalisation rurale.
Les «emplois d'avenir» sont principalement dévolus au secteur non marchand, les associations et les collectivités. Pour elles, l'État finance 75% du salaire versé au jeune embauché. Le conseil régional de Picardie vient renforcer cette aide à hauteur de 10% et le conseil général de la Somme pour moins de 10%. En somme, les collectivités financent à près de 95% le salaire sur des durées allant de un à trois ans.
«Le reste à charge est relativement limité, estime François Tillol. Mais certains employeurs attendaient le co-financement.» En effet, les collectivités locales ont attendu de délibérer le budget 2013 pour engager leurs mesures de soutien au dispositif. Par exemple, c'est le 1er février dernier que le conseil régional a décidé d'abonder les aides de l'État sur les emplois d'avenir associatifs, à hauteur de 900 000 euros dans le cadre de son soutien à «la culture, le sport, les loisirs et la santé».
Néanmoins les aides accordées par la Région sont à commencement anticipé. Les associations peuvent être aidées rétroactivement à partir du 1er janvier. «Il y a des réticences dans le monde associatif parce que leur modèle économique est compliqué, analyse Ezio Montellato, directeur de la vie associative, des sports et de la jeunesse à la Région. Nous sommes dans un moment d'incertitude où l'État annonce des restrictions. Cela génère des inquiétudes légitimes.»
Associations frileuses
Lors du Rendez-des partenaires associatifs picards, le 1er juillet dernier, le Collectif des associations citoyennes en colère (voir notre article) s'était inquiété d'une éventuelle baisse des fonds alloués par le conseil régional aux Emplois solidaires, un dispositif d'aide aux associations spécifique à la région, en place depuis 2005. La CPCA Picardie, organisatrice de l'événement, s'était également fait l'écho d'inquiétudes émanant de son réseau concernant «le devenir des emplois solidaires» et d'une «frilosité» vis à vis des emplois d'avenir.
Les «emplois solidaires», c'est un dispositif d'aide aux associations locales mis en place par le conseil régional, qui consiste au financement de nouveaux emplois créés à hauteur de 50% du Smic. Quel que soit l'âge de la personne embauchée ou sa formation. «Nous faisons partie des régions volontaristes», assure Ezio Monsellato.
Mais l'enveloppe globale de 14 millions à destination du monde associatif s'élevait encore à 20 millions d'euros il y a trois ans. «Au départ, on ne devait pas maintenir le dispositif pendant neuf ans. La Région a vocation à aider des associations d'envergure régionale. Dans ce dispositif, nous soutenons des structures locales», explique Ezio Monsellato.
«L'idée, c'était de faire un appel d'air en espérant que les collectivités locales prennent le relais. Et qu'au fur et à mesure, la Région se retire sur la pointe des pieds.» Mais les plans de la Région ne se déroulent pas vraiment comme ils les avaient prévus. «Cette baisse n'a été compensée ni par les collectivités locales, ni par les ressources propres des associations. Quand les collectivités ne prennent le relais que timidement, cela pose déjà problème.»
Malgré cela, les emplois d'avenir semblent avoir pris leur vitesse de croisière, et les objectifs du gouvernement bien partis pour être atteints.