«10 000 tonnes, c'est un temps-plein»
Dans le Vimeu, l'unité de méthanisation des trois agriculteurs ingérera les bouses de 11 élevages du coin, les tontes de pelouse de la communauté de commune du Vimeu industriel, les rebuts végétaux de la coopérative ou des endiviers du coin.
Et elle produira de l'électricité revendue à ERDF et de la chaleur pour la piscine de la communauté de commune. «Si ce dossier ne passe pas auprès des banques, il n'y aura pas de méthanisation en France, plaisante Aurélien Deceuninck. Il n'y a pas plus exemplaire. On ne fait pas du bricolo-bricolette. C'est fait dans les règles de l'art».
Les «bricolo-bricolette», c'est un peu monsieur Sockeel par exemple. Cet éleveur laitier de Somain dans le Nord-Pas de Calais s'est lancé en 2009 dans la construction d'une unité de méthanisation de 122 kWh. Mais il n'a fait appel à aucun bureau d'étude. Avec son fils, il a tout imaginé lui-même. Coût de l'opération, au rabais: 450 000 euros. Après deux ans de travaux, il est le premier agriculteur de la région à produire du biogaz.
Mais tout ne se passe pas comme prévu. Durant le démarrage de l'unité, la bâche du digesteur se déchire et laisse s'échapper du méthane à l'air libre. Résultat: les riverains s'énèrvent, et le maire de la commune n'est plus d'accord pour que l'éleveur chauffe la piscine municipale. C'est ce genre d'aventures que la Chambre d'agriculture de la Somme veut absolument éviter.
Malgré tout, monsieur Sockeel s'en sort très bien financièrement. En revendant son électricité à ERDF, il s'assure un revenu de 12 000 euros par mois, dont il faut retirer les annuités, assure-t-il.
«Chaque projet est très différent, rappelle Aurélien Deceuninck Avec une même puissance, vous pouvez avec des revenus très variables».
Ce qui est sur, c'est que la méthanisation peut créer un peu d'emploi dans la Somme. De l'emploi non délocalisable. «10 000 tonnes, c'est un temps-plein sur les projets que l'on suit», assure Aurélien Deceuninck.
La méthanisation pourrait aussi motiver des enfants d'agriculteurs à rester sur la ferme. Une opportunité alors que beaucoup se désintéressent de l'élevage dans la Somme. «En général, ce sont les fils qui gèrent les projets de méthanisation. Le projet du Vimeu, ce sont les deux fils d'un des agriculteurs qui travailleront sur le projet, alors qu'au départ ils n'étaient pas intéressés pour rester sur la ferme».