Valérie Wadlow, adjointe au maire d’Amiens en charge de l’urbanisme

Diriez-vous du quartier du Petit-Saint-Jean, historiquement ouvrier, qu’il est en train de changer de visage, vers plus de mixité ?

Il n’y a jamais eu de gros programmes innovants de logements sur le Petit-Saint-Jean, en tout cas rien qui en proportion puisse modifier profondément la sociologie du quartier. La raison en est que la localisation laisse peu de sites constructibles. Le Petit-Saint-Jean est coincé entre la Selle et la voie ferrée, avec en plus une zone de captage qui neutralise les terrains entre Pont-de-Metz et Amiens. Il y avait éventuellement un seul potentiel foncier, lié à des emprises ferroviaires mais avec l’arrivée du TGV, la SNCF et réseau ferré de France vont plutôt avoir tendance à réutiliser ces emprises.

La ville intervient cependant pour la réhabilitation d’anciennes friches industrielles en zone d’activités à l’entrée du quartier, sur la rue Colbert ?

Il faut savoir que la rue Colbert présente actuellement moins d’activités que par le passé. Nous avons la volonté de garder une certaine mixité de fonctions dans la ville, donc des activités dans ce secteur, à la fois commerciales et productives. La zone va certainement subir un repositionnement dans la ville avec l’arrivée du nouveau pont entre le boulevard de Strasbourg et la rue Colbert et jusqu’au quartier Saint-Roch. C’est là qu’il y a à mon sens le plus d’enjeux urbains car on se trouve en bordure de l’hyper-centre. D’où le projet d’un hôtel et d’un immeuble de bureau sur la friche privée Bilbocq. La friche Guibert voisine, propriété de la ville, devrait elle aussi être reconvertie, dans un objectif de développement économique.

Donc pas de projet de développement de logements, sociaux par exemple, sur le Petit Saint Jean ?

Il y a déjà quelques logements HLM sur le quartier mais ils ont tous été construits lors de petites opérations. Encore une fois, il ne peut être question de projets de plus grande ampleur. Nous avons identifié des quartiers déficitaires en logements sociaux sur Amiens : le Petit-Saint-Jean ne fait pas partie de ces secteurs maintenant réglementés par le plan local d’urbanisme. Pour ceux-ci, un pourcentage de logement social est imposé pour toute opération privée. Au Petit-Saint-Jean, il y a une majorité de logements privés mais populaires. Des promoteurs ont développé des projets de plus haut standing sur de petites parcelles, de manière tout à fait autonome, et la mixité passe aussi par cela.

Selon vous, le Petit-Saint-Jean va-t-il donc garder son caractère singulier ?

A mon sens oui. Les reconversions menées sur le début de la rue Colbert ne vont certainement pas désenclaver la grande rue du Petit-Saint-Jean. Et avec ses 250 logements en bout de quartier, l’enjeu ne sera jamais de taille. Il n’y a pas d’objectif politique, ni vers plus de politique sociale, ni vers l’accession libre. Avec peu de pression foncière, la valeur du quartier ne devrait pas changer elle non plus.